Pastorale de la Santé : « Être là où vivent et souffrent nos frères »

Les Assises de la Pastorale de la Santé, mission d’Église

La pastorale de la santé participe à la mission de l’Église rejoignant, en des lieux particuliers, des femmes et des hommes en souffrance parce que « les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur. » (Gaudium et Spes.1.)

Ce qui est vraiment humain mérite une attention privilégiée de la part des chrétiens qui croient en un Dieu qui a pris chair et s’est fait homme. Ainsi, les équipes de la pastorale de la santé sont appelées à être des témoins d’un Dieu qui a choisi d’habiter la fragilité et qui est notre espérance par sa Résurrection.

Les Assises nationales de la pastorale de la santé se sont tenues récemment

A la croisée des évolutions de la société, du monde de la santé et de l’Église, la pastorale de la santé cherche à ajuster toujours mieux la présence de l’Église auprès des personnes en souffrance physique, psychique ou spirituelle, de leur famille, et des soignants. Les assises nationales marquent une étape dans cette recherche, deuxième édition du genre, les premières ayant eu lieu en 2008.

360 responsables de la pastorale santé, (parmi eux 54 prêtres et 24 diacres) se sont retrouvés lors de ces assises nationales à Lourdes, du 13 au 16 novembre 2018, en présence de Mgr Delmas, évêque d’Angers qui accompagne la réalité du monde de la Santé au nom de la Conférence des évêques de France.

Elles rassemblaient les responsables des équipes diocésaines de la pastorale Santé de 89 diocèses de France. Pour celui de Dijon, nous étions quatre : le père Thierry-Marie Bastien, délégué diocésain pour la pastorale de la santé, Blandine Arbor, représentant les aumôneries catholiques en établissements de santé, Francine Rousset-Imbert, pour les équipes de visiteurs en Ehpad privées et au domicile (service évangélique des malades), et le père Franck Molard, délégué à la pastorale des personnes handicapées.

Ce rassemblement est une étape qui fait suite à quelques dates importantes pour la pastorale de la santé : en 1982, cette pastorale naissait du désir des évêques, avec l’enjeu d’articuler les aumôneries hospitalières avec les visiteurs à domicile et les maisons de retraite. En 2007 se constituait la Pastorale des personnes handicapées. En 2008, les premières assises prenaient acte de la mutation connue par les aumôneries hospitalières, notamment le passage d’un aumônier, souvent un prêtre, à une équipe d’aumônerie dont le responsable pouvait être un laïc.

Les assises de 2018 viennent conforter la coordination entre ces diverses modalités de présence aux personnes en souffrance, qui se traduit dans les diocèses par l’équipe diocésaine de pastorale de la santé, face aux enjeux de l’évolution de la société,

Nous avons tissé des liens entre  branches de la pastorale de la santé, (SEM, aumônerie d’Hôpitaux, pastorale des personnes handicapées), avec les différents diocèses, entre différents domaines (philosophie, théologie, musique…), avec nos singularités de pratiques pour une même mission.

Nous avons entendu le père Christophe Théobald, théologien, développer la dynamique de la mission de la pastorale de la santé. Il nous a redit avec force, combien la pastorale de la santé est présence de l’Evangile de Dieu dans l’Eglise et dans la société, dans ces lieux où la souffrance vient fracasser la recherche de sens, et la Foi. L’équipe accroit la sacramentalité de l’Eglise, par sa présence, autant que par des actes, qu’ils soient fraternels ou sacramentaux. Selon le Père Theobald, la pastorale de la santé est un « laboratoire » qui ouvre la voie pour toutes les formes de pastorale, afin que l’Eglise toute entière devienne toujours plus experte en humanité (cf Gaudium et Spes).

Marc Grassin, philosophe, docteur en éthique médicale, nous a éclairés sur les mutations sociétales en cours dans le monde, et la nécessité pour l’Église d’être présente, de connaître et de faire valoir sa valeur ajoutée en collaboration avec les différents acteurs du monde de la santé. Il nous a retracé les évolutions récentes des sociétés occidentales, depuis la société traditionnelle jusqu’à la société post moderne, où l’homme se veut capable d’édifier son propre monde dans la maîtrise et le contrôle de toute chose. Ce modèle questionne sur la place des plus fragiles, exclus de la société, et sur le rôle de l’Eglise, au sein de cette société nommée « liquide », sans plus de repères fixes.

Sœur Marie-Laure Denes, dominicaine, a conclu ces assises en rappelant que l’Eglise toute entière, et plus particulièrement la pastorale de la santé, sont convoquées, à restaurer les personnes en souffrance rencontrées dans leur capacité d’autonomie, dans leur intériorité, dans leurs liens sociaux. le père Bruno Cazin, médecin et vicaire général du diocèse de Lille, a souligné qu’il nous faut être humbles car nous ne sommes pas seuls sur le terrain spirituel, bien des professionnels de santé s’en préoccupent, mais il nous faut aussi être audacieux, afin que l’Evangile soit audible. Car notre « valeur ajoutée » comme Chrétiens, est d’annoncer l’Evangile, annonce de salut, de vie, de joie, de paix, de douceur, de relations, dans des situations d’absurdité, de violence, de perte du sens et du lien.

Bruno Cazin animera une session pour les aumôniers CHU de toute la France, portée par l’équipe des aumôniers du CHU de Dijon, les 20 et 21 septembre prochain à Cîteaux.

Des témoignages, des tables rondes avec des personnes vivant le handicap, des aidants familiaux, un temps de travail en province, un autre entre responsables d’une même réalité … nous ont fait croiser nos regards sans oublier la présence de Léo le clown, divertissant autant que pertinent dans la reprise qu’il faisait des différentes interventions et aussi un quatuor de trombones qui nous a régalé de sa musique et nous a fait comprendre comment travailler harmonieusement en équipe.
Cette session était conduite par l’équipe nationale de la Pas torale Santé, dont nous recevrons le responsable national le père Jean-Marie Onfray à la prochaine réunion de formation diocésaine de la pastorale santé, le 14 mai prochain.

Les assises ont été aussi l’occasion de célébrer ensemble les 70 ans de la revue de la pastorale de la santé. Elle aussi a connu des évolutions, en passant du titre « AH » (comme Aumôneries Hospitalières) à « AH et SEM » (Service Evangélique des Malades), pour devenir au dernier numéro en date « Pastorale Santé », revue de la pastorale santé en établissement et à domicile. »

L’ambiance était fraternelle, portée par une parole en vérité : nous avons pu exprimer des remarques, des réserves, des désaccords… .Nous avons ressenti la joie de sentir l’équipe diocésaine faire corps et de représenter nos diocèses respectifs, ainsi que celle de tisser des liens entre nous. Un métier à tisser, confectionné par chaque diocèse et échangé, nous a été remis, symbole des liens à créer, consolider et entretenir.

Ces assises nous ont relancés dans nos diocèses respectifs, portés par le message d’une Eglise qui se remet en question, qui se décentre et qui cherche toujours mieux à annoncer à ses contemporains la tendresse et la miséricorde de Jésus-Christ en étant présente à leur souffrance, en les rejoignant dans leurs attentes spirituelles, en serviteurs humbles et audacieux.

« Oser la rencontre, être là où vivent, souffrent nos frères, écouter les questions des Hommes. »

La pastorale  de la Santé offre à tout homme une présence humble et silencieuse, dans une totale gratuité, et se situe dans l’être et non dans le faire. C’est, sans doute, là qu’est sa « valeur ajoutée ».

Et nous prions Dieu de nous donner son Esprit, en reprenant le beau refrain du chant de Cécile et Jean-Noël Klinguer qui animaient les chants des Assises :

« Que nos regards d’amour, nos mains et notre cœur, révèlent la mission, Seigneur, que tu nous as donnée ».

Blandine Arbor, aumônier CHU, pour l’équipe de la pastorale de la Santé

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