Les obsèques du père Marcel Luedi NGOYI-AMBS ont été célébrées

Les obsèques du Père Marcel Luedi NGOYI-AMBS se sont déroulées le samedi 27 avril à en l’église Saint-Germain d’Auxerre à Vitteaux.

Le Père Joseph NKOUKA, curé de Sombernon et de Plombières-les-Dijon a prononcé l’homélie que nous vous proposons de retrouver ici.

 

Homélie du père Joseph NKOUKA

Il y a 3 mois, c’était le Père Ardiet, 65 ans que nous accompagnions, aujourd’hui nous voici autour du P. Marcel Luédi NGOYI-AMBS, 64 ans. Parmi nous, beaucoup s’interrogent dans le silence de leur pudeur : pourquoi, pourquoi si tôt, pourquoi à cet âge? 64 ans, c’est l’âge de la maturité sacerdotale. Marcel était dans cette maturité sacerdotale. Pourquoi Dieu laisse-t-il partir ses serviteurs alors qu’il en a tant besoin pour sa Vigne ? À quoi joue-t-il avec nous ? Chers amis, ces questions sont normales et légitimes, parce qu’elles sont humaines. Hélas, de réponses, il n’y en a pas. Il nous reste cependant le regard de la foi. Je vous propose donc d’oser regarder la mort de ce pasteur avec les yeux de la foi.

La mort de Marcel me fait penser à celle des millions d’innocents dans le monde. Elle bouscule notre foi, mais nous pouvons aussi la regarder comme un témoignage, à l’image du Christ lui-même. Quand, au sommet de sa passion, Pilate lui demande : « Qui es-tu ? » Jésus répond : « Je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité » Jn 18,37. Jésus parle de sa vie et sa mort comme d’un témoignage à la vérité. De quelle vérité s’agit-il ? La vérité sur Dieu et sur l’homme. Oserai-je dire que le P. Marcel, tout comme les millions d’innocents qui meurent avec ce sentiment d’abandon et un goût d’inachevé, sont dans la lignée des apôtres martyrs de cette même vérité. Oui chers amis, la mort du P. Marcel nous rappelle combien la vie est fragile, vulnérable et précaire, c’est la marque de notre finitude, la 1ʳᵉ annonce de l’Évangile, surtout dans un monde dans lequel l’homme se prend pour Dieu et ne supporte plus la moindre contrariété : « Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux ! » Mt 5,3. Cette conscience est un trésor, elle nous permet de regarder la vie autrement : avec lucidité, humilité et espérance. C’est cette conscience qui a nourri gracieusement la vie de Marcel comme homme, mais aussi comme prêtre.

Tous ceux qui ont connu le P. Marcel en témoignent : il était un homme d’une humanité exemplaire. Sa vie était sans artifice. Sous l’armoire à glace qu’on voyait, il y avait une âme pure, sans doute le meilleur ambassadeur du tempérament africain : celui qui met la famille après Dieu. Quand on l’approchait, la 1ʳᵉ chose qu’il laissait toujours paraitre, c’était son sourire, un sourire aussi large que discret, comme un signe d’accueil et d’ouverture. À ses yeux, nous étions tous ses frères et sœurs.

Marcel n’était pas parfait, il avait un côté sans-gêne qui pouvait surprendre, mais rien de mesquin chez lui. Dans la communauté sacerdotale des prêtres africains du diocèse de Dijon, avec le concours complice du Père Albert, il était le ferment d’unité et de paix. Dans la communauté laïque africaine, il était tel un père, capable de solliciter, d’encourager, mais aussi de redresser… Dans ses paroisses successives et les missions reçues, c’est sa bonhomie, sa candeur, sa jovialité, sa bienveillance qui touchaient davantage les cœurs… Marcel était un séducteur XXL en humanité. Il arrivait même à séduire avec son sacré coup de fourchette, ai-je appris hier.

Le P. Marcel était aussi un homme de foi. Cette foi, il la vivait concrètement par son ministère. Par amour du Christ, ce serviteur zélé, fidèle et heureux, ne comptait pas ses heures… Je ne vous le cache pas, j’évitais parfois de travailler avec lui. Si en France, nous avons des montres, en Afrique, nous avons le temps. Pour Dieu et son Église, Marcel avait toujours le temps, parfois au détriment de sa santé, peu importe l’heure ou le jour. Dans ses paroisses, comme à la pastorale des migrants, il était tel un patriarche. Il avait l’œil sur tout, mais savait aussi appeler, déléguer, mettre en confiance… Pour lui, c’était l’expression naturelle de sa foi.

Chers amis, si parfois Dieu laisse retourner à lui ses propres serviteurs, avant le terme supposé de leur mission, ce n’est pas en signe d’abandon, mais en signe de témoignage. Oh homme, qui es-tu ? Tu es un trésor enveloppé dans un vase d’argile. Si Dieu laisse les innocents mourir, c’est sûrement pour inviter l’humanité à prendre de la hauteur sur nos faux combats, regarder la vie au-delà de ce vase d’argile pour aller chercher la substance de ce que nous sommes par destination. Oui chers amis, derrière ce masque que nous portons et qui nous porte, il y a une substance impérissable : nous sommes image à la ressemblance de Dieu. C’est la quête de cette image qui nous permet de relativiser les accidents heureux ou malheureux de nos vies, y compris la mort. Oui, comme l’affirme Saint Paul : « Si nous avons mis notre foi en Christ pour cette vie seulement, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes. Mais non! Christ est ressuscité… »

Confions à Dieu le P. Marcel, ce serviteur fidèle et généreux, non pas avec des larmes, mais dans l’action de grâce. Amen.

P. Joseph

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