La victoire de la vie

Edito Avril 2024

Mgr Antoine Hérouard

La fête de Pâques est la plus grande fête chrétienne. En fêtant la Résurrection du Christ, c’est la victoire de Jésus sur la mort, sur le mal, sur le péché que nous célébrons. La Résurrection est la victoire du Christ que Dieu son Père a relevé d’entre les morts et qui a été glorifié.

A travers la victoire du Crucifié, c’est le chemin de notre propre résurrection qui nous est ouvert, comme la promesse que Dieu nous fait. Nous sommes faits pour la Vie, pour la vie en abondance, pour la vie qui ne finit pas. Nous sommes appelés au terme de notre vie terrestre à la communion avec Dieu, à la vie en Dieu avec le Christ notre Sauveur. Les baptisés de Pâques nous rappellent qu’à travers le sacrement du baptême, chacun de nous a déjà effectué en quelque sorte ce passage de la mort à la vie, avec le Christ.

La promesse de la vie ne concerne pas seulement l’au-delà, mais bien déjà tout ce qui constitue notre vie terrestre aujourd’hui. Voilà pourquoi les chrétiens se veulent si attachés au respect de la vie, y compris dans sa petitesse ou sa fragilité. La vie est don de Dieu et il nous faut toujours chercher à l’accueillir, même lorsqu’elle est fragile ou que son avenir est incertain.

Le christianisme veut défendre la vie humaine depuis son origine et j’ai été très choqué de voir que l’inscription de la liberté de l’Interruption Volontaire de Grossesse, dans la constitution française, a été célébrée comme une victoire et une ouverture universaliste, sans s’interroger le moins du monde sur leur nombre, sur les drames que cela peut constituer et les souffrances que des femmes pourront porter si longtemps après cette grave décision. L’avortement n’est jamais un acte anodin et la loi de 1975 ne le concevait que comme une exception et un moindre mal dans une
situation de détresse.

Aujourd’hui, il est maintenant question de permettre dans la loi le suicide assisté et même une exception d’euthanasie dans certains cas. Les évêques de France ont redit leur attachement à la véritable fraternité et à l’accompagnement des malades en fin de vie, en particulier par les soins palliatifs. « C’est un impératif d’humanité et de fraternité que de soulager la souffrance et d’offrir à chacun la fin de vie la mieux accompagnée, plutôt que de l’interrompre par un geste létal. Notre idéal démocratique, si fragile et si nécessaire, repose sur l’interdit fondateur de donner la mort […]. Notre époque, souvent habitée par la peur de la mort et le désir de prolonger indéfiniment la vie, considère aussi les vies fragilisées comme dénuées de sens. Nous voulons affirmer que toute vie, si fragilisée soit-elle, mérite d’être honorée jusqu’à son terme naturel. »

Cette attention à la vie et à sa protection ne concerne pas uniquement son début et sa fin, mais bien tout son déploiement. C’est pourquoi les chrétiens doivent également porter le souci concret de la qualité de vie des plus petits, des pauvres et des marginaux, de ceux qui n’ont pas de toit, de travail, des réfugiés, des malades et des isolés. Pour tous, la Bonne nouvelle de Pâques doit être celle du triomphe de l’amour et de la vie sur la souffrance et l’abandon !

Heureuses fêtes pascales, dans l’espérance !

Mgr Hérouard, avril 2024

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