En chemin vers Pâques

Edito Mars 2024

Mgr Antoine Hérouard

Le chemin du carême, initié depuis la mi-février, nous conduit vers Pâques, la fête des fêtes, la Résurrection du Seigneur Jésus. Cela, nous le savons, nous le proclamons, mais il nous faut le traduire concrètement dans notre vie personnelle et ecclésiale. Ne pas en rester à une compréhension intellectuelle, théorique, mais accepter que le Mystère Pascal, la mort et la résurrection du Christ soit vraiment la matrice de notre condition de chrétiens, l’expression centrale de notre Foi, la source de notre espérance concrète pour aujourd’hui, ce qui nous projette vers l’avenir et vers l’au-delà, ce qui éclaire nos choix, nos décisions, nos comportements.

Comment faire pour que cet itinéraire, à la suite du peuple hébreu pendant 40 ans dans le désert entre la sortie de l’esclavage d’Égypte et l’entrée dans la terre promise, nous conduise aussi à la liberté véritable, nous fasse grandir dans la compréhension de ce que signifie être chrétien aujourd’hui dans une société qui ne l’est plus ? Nous nous préparons à accompagner Jésus vers sa Passion, son arrestation, son procès et sa mise à mort, non seulement comme une erreur tragique de l’histoire, une injustice flagrante, mais comme l’expression suprême de l’amour de Dieu pour chacun de nous : « Ma vie, nul ne la prend, mais c’est moi qui la donne ». « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis ». Jésus porte le péché des hommes, notre péché et en est vainqueur. Par sa résurrection, c’est bien la victoire de la vie sur la mort, sur le mal, sur le péché, sur la souffrance de l’humanité qui s’affirme et ouvre pour chacun un chemin de vie. De là naît, contre toute apparence, au travers des épreuves que chacun peut rencontrer et des drames de notre temps, de la violence et de l’injustice qui se déchaînent, une espérance invincible qui nous redit que la vie est plus forte que la mort et que nous sommes faits pour la vie.

J’ai pu être témoin dans ces derniers jours de cette force de l’espérance enracinée dans la Foi. L’appel décisif des catéchumènes adultes le premier dimanche du carême, a été l’occasion d’une rencontre avec eux au cours de laquelle chacun a pu, en quelques mots, se présenter et expliquer brièvement son itinéraire, ce qui l’avait conduit à la rencontre du Christ et à la demande du baptême. Autant d’histoires singulières à travers des rencontres, des témoignages, des recherches personnelles, des signes variés, un long cheminement ou une expérience qui va s’imposer comme une évidence. Beaucoup de joies ou de souffrances qui aboutissent sur une rencontre et un désir qui change la vie et qui apaise les tourments. Il y a là non seulement une occasion d’action de grâce, mais aussi une invitation pour tous les baptisés à retrouver la beauté du don initial qui leur a été fait, il y a plus ou moins longtemps.

La seconde expérience à laquelle je voudrais faire référence est très différente : dans les quelques jours passés à Lviv, en Ukraine, à travers les rencontres effectuées avec les personnes engagées dans l’Église ou les simples citoyens dans la vie quotidienne d’un pays en conflit, au milieu des souffrances et des drames de la guerre (tout le monde est touché d’une manière ou d’une autre), j’ai vu quelque chose de la dignité d’un peuple, sa détermination, son combat pour la liberté, la démocratie, le respect des droits. L’avenir, à vue humaine et dans le rapport de force, n’est pas simple, mais l’espérance est là et pour beaucoup, elle est enracinée dans leur Foi de chrétiens. Une forte leçon pour nos pays trop souvent désabusés ou cyniques.

Que notre chemin vers Pâques soit un chemin de vérité et d’espérance !

Mgr Hérouard

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