Témoignage de Mgr Hérouard de retour de Berlin et d’Ukraine

L’archevêque de Dijon rentre juste de Berlin et d’Ukraine où il s’est rendu en tant que co-président de Justice et Paix Europe. Il nous livre son témoignage :

Il m’a semblé intéressant de vous partager quelques éléments de la rencontre des Secrétaires généraux de Justice et paix Europe à Berlin où étaient représentés, du 9 au 11 février 2024, 17 pays sur le thème de la solidarité avec l’Ukraine en particulier pour ce qui est des réfugiés si nombreux en Allemagne, en Pologne et dans d’autres pays de l’est européen.

Si nous avons commencé par une table ronde avec des responsables politiques allemands, le curé de la paroisse greco-catholique ukrainienne de Berlin, des représentants d’associations ukrainiennes en Allemagne et de Caritas -Ukraine à Berlin, je voudrais souligner deux moments particulièrement intenses de notre séjour :

-d’abord un temps de prière organisé devant l’ambassade de Russie le samedi 10 au soir, à deux pas de la porte de Brandebourg.

-la messe du dimanche dans la paroisse gréco-catholique en banlieue de Berlin, suivi d’un déjeuner avec des familles de réfugiés, en particulier tout un groupe de jeunes musiciens de l’opéra de Kiev.

Vous trouverez ci-joint le communiqué publié à l’issue de la rencontre, exprimant la solidarité des différentes commissions Justice et paix en Europe.

Après cette réunion, les deux co-présidents (Maria Hammershoy, présidente de Caritas Danemark et moi-même) ainsi que le Secrétaire général (Stefan Lunte) nous sommes rendus en Ukraine à Lviv à l’invitation de M. Yuriy Pidlisny, président de la commission Famille et Société de l’Eglise greco-catholique ukrainienne et enseignant à l’université catholique de Lviv. Arrivés en voiture jusqu’à la frontière côté polonais, celle-ci se franchit à pied avant de retrouver notre hôte de l’autre côté. Nous avons passé deux jours sur le campus de l’université au milieu des étudiants et rencontrant des responsables universitaires. Une rencontre très chaleureuse avec l’archevêque Vozniak de Lviv et son auxiliaire Mgr Hrutsa, touchés des marques de solidarité européenne. Une rencontre avec la Présidente de Caritas Ukraine, Mme Stawnychy nous a montré l’action impressionnante de l’Église gréco-catholique dans toute l’Ukraine. Depuis le déclenchement de la guerre, plus de 3 100 000 personnes ont ainsi été aidées directement, en particulier avec les programmes d’aide contre les traumatismes de la guerre.

Lviv -Ukraine-Tombes de soldats- @AH

Le plus émouvant a été pour nous de visiter plusieurs cimetières de soldats tués depuis le début des opérations militaires, de voir leur âge et leur histoire. Notre hôte nous a montré les tombes de plusieurs de ses étudiants et collègues enseignants. Nous avons vu aussi les traces de bombardements russes. A notre arrivée à la résidence étudiante en pleine nuit, la première chose qui nous a été indiquée était le lieu de l’abri en cas d’alerte au bombardement.

Au retour, nous avons été invités par l’archevêque de Przemysl Mgr Szal (à la frontière, côté polonais) ainsi que par son prédécesseur Mgr Michalik (ancien président de la Conférence Episcopale) dans une ambiance sympathique et typiquement polonaise.

Dans les rencontres que nous avons eues en Ukraine, il est apparu très clairement que le peuple ukrainien ne défend pas seulement sa propre liberté, mais qu’il se sent porteur, dans cette situation dramatique, de l’idée d’une Europe libre et démocratique. Ils ont conscience que leur sacrifice concerne beaucoup d’autres peuples en Europe. J’ai été aussi frappé de voir le contraste entre une vie quotidienne qui semblait quasi-normale dans les rues ou sur le campus (Il est vrai que nous sommes très loin du front et que les bombardements russes, très nombreux sur la ville sans électricité il y a un an, se sont beaucoup calmés pour l’instant), et la réalité de la guerre qui, d’une façon ou d’une autre touche tout le monde (chacun connaît dans sa famille ou son entourage une, des victimes ou des blessés). Après le travail, en fin de journée, les gens s’arrêtent au cimetière pour prier sur leurs tombes. Ce mélange d’apparente sérénité et de gravité traduit une détermination sans faille qui ne s’arrêtera pas, quelles que soient les évolutions politiques à venir. Le soutien européen (humanitaire, financier, moral et aussi bien sûr militaire) est, à leurs yeux, vital et le petit signe de notre visite a été, je crois, plus qu’apprécié.

+Antoine Hérouard

 

 

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