800 ans de crèches dans l’esprit de François d’Assise

L’église de la Sainte-Trinité de Magny-Lambert, connue à travers le diocèse pour sa crèche de 16 m², accueillait le 29 décembre dernier une première conférence de Noël sur le thème « Saint-François d’Assise et la crèche ». Celle-ci a réuni 40 personnes de divers secteurs autour du père Donat-Michel Tembo Umba, curé de la paroisse d’Aignay-Le-Duc.

Son intervention a débuté par un grand Merci au Seigneur pour ce temps qu’il nous donnait de vivre avant de reprendre quelques éléments clés de la vie de saint François. D’un style d’abord fêtard à « vivre sa vie », du goût du combat et de « sauver ses frères » (expression non moins intéressante), il se remet en question à son retour de l’armée : dans tout cela, qui est le serviteur et qui est le maître ? Dans sa quête de mieux vivre, il va prier dans des chapelles en ruine où il entendra un jour le Christ lui demander : « Répare ma maison ». Accueillant l’Évangile au pied de la lettre, il met en pratique l’appel à aller faire des disciples, ce qui le conduira jusqu’en Egypte. Dès lors, François se tient à un objectif : habiter la simplicité et la pauvreté. En 1209, le pape Innocent III autorise le mode de vie en fraternité qu’il souhaite organiser avec nombre d’hommes et de femmes de toutes catégories, donnant ensuite naissance à l’ordre franciscain. Retiré dans un monastère, l’épisode des stigmates sublime son attachement à Dame Pauvreté et à la règle, à la base de ce que l’on appellerait l’écologie actuelle, reprise par le pape François. On peut dire que François d’Assise voyait Dieu et était capable de parler avec tout le monde. Il accomplira plus de 40 miracles et inspirera divers artistes en lesquels jaillissait « quelque chose de particulier ».

Comment évoquer l’originalité de la crèche de saint François ? Présent à Greccio en 1223, il dit à l’un de ses frères : « Je veux célébrer Noël avec toi, cette année, dans la grotte. Tu y installeras une mangeoire pleine de foin. Fais venir un bœuf et un âne. Il faut que cela ressemble à la crèche où est né Jésus ». On raconte que pendant la célébration, son ami Jean aurait vu soudain un bébé dans cette mangeoire, puis François s’en approcher, le porter vers lui, et le petit lui toucher la joue. Belle illustration en tout cas de l’œuvre de François, qui a visé à « réveiller » Jésus dans le cœur des gens, par sa parole et ses exemples. Après une série de sculptures taillées en bois, apparaît en 1228 la première crèche en pierre, suivie aux XVe et XVIe siècles par des crèches métalliques, avant les miniatures déployées par les jésuites de Prague pour une facilité de préservation.

Pour terminer, le père Donat-Michel a proposé une méditation. La crèche manifeste la tendresse de Dieu : nous y voyons le Fils unique éliminer la condamnation de l’homme. Elle est un signe d’humilité puisqu’il n’y a pas de faste ; mais on comprendra aussi que Dieu est une personne qui prend des risques, entre autres : créer l’homme qui le déçoit et faire alliance avec un peuple. Enfin, la crèche exprime le sentiment de l’accomplissement des promesses de Dieu. Nous avons à cultiver ce sentiment particulier pour progresser dans notre spiritualité et surtout dans notre foi, pour mieux voir ce salut de Dieu, le fait qu’il accepte de sauver l’homme. Ce lieu de ressourcement spirituel qu’est la crèche nous place aux sources de notre espérance en la Résurrection. À nous de l’expliquer en termes adaptés, notamment aux enfants, « pour qu’ils apprennent à partir de qui le Père Noël joue son déguisement ». En gardant au cœur le mystère de Noël, source de tout ce qui peut être fait au monde, nous sommes alors capables de réparer la maison du Seigneur. C’est ce qu’illustrent à merveille les santons provençaux en plein travail. Yannick Baudey, installateur de la grande crèche et de diverses crèches du monde exposées pour ce huitième centenaire, a rappelé la concordance biblique de quelques bergers (David, Isaïe, Jean-Baptiste) et leur lien à la Nativité, avant de partager le vin chaud.

Antoine Cuenet

Partager