8 décembre 2023 : Notre-Dame érigée en sanctuaire

En la solennité de la fête de l’Immaculée Conception, Monseigneur Hérouard a érigé l’église Notre-Dame en sanctuaire, et nommé le Père Emmanuel Pic, recteur de Notre-Dame de Bon-Espoir.

Avant l’énoncé du décret, l’archevêque de Dijon a prononcé son homélie en l’honneur de la Bienheureuse Vierge Marie, dans une église éclairée de 1000 bougies, comme le veut la tradition depuis plusieurs années.

lectures

Vendredi 8 décembre 2023 – Fête de l’Immaculée Conception

PREMIÈRE LECTURE

« Je mettrai une hostilité entre ta descendance et la descendance de la femme » (Gn 3, 9-15.20)

PSAUME

(Ps 97 (98), 1, 2-3ab, 3cd-4)

DEUXIÈME LECTURE

« Dieu nous a choisis, dans le Christ, avant la formation du monde » (Ep 1, 3-6.11-12)

ÉVANGILE

« Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi » (Lc 1, 26-38)

Homélie

Monseigneur Antoine Hérouard, Archevêque de Dijon

 

Cela commence plutôt mal, le projet de Dieu pour l’Humanité, le projet d’alliance, d’amitié, de confiance, de concorde, d’harmonie, de paix, eh bien voilà qu’il semble dérailler d’emblée.

« Où es-tu donc ? » demande Dieu à Adam, c’est Dieu qui cherche l’homme, et la réponse n’est pas très glorieuse, « J’ai pris peur, j’ai réalisé que j’étais nu, comment sais-tu que tu es nu ? aurais-tu mangé de l’arbre dont je t’avais interdit de manger ? »

Oui, on voit ainsi d’emblée la désobéissance, le désarroi qu’elle entraîne, la peur, la délation, parce qu’après, c’est comme un jeu d’enfant, « ce n’est pas moi, c’est elle ». Et Eve va dire, « ce n’est pas moi, c’est la faute du serpent », fuite des responsabilités, « c’est elle qui m’a donné du fruit de l’arbre , le serpent m’a trompé, j’ai mangé. »

Toute l’histoire semble détruite et maintenant, ce qui existe est la méfiance, la division, les accusations, la peur, la violence. En fait, on voit aussi que tout ceci est présent aujourd’hui dans notre monde et que d’une certaine façon, il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Et pourtant, et c’est ça l’important, Dieu n’abandonne pas, Dieu ne renonce pas, il maudit le serpent, le tentateur, « je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance, celle-ci te meurtrira la tête et tu lui meurtriras le talon ».

Tout ce qu’il nous dit là, c’est la lutte jamais achevée entre le bien et le mal, entre l’amour et la haine, entre la vie et la mort, cette lutte-là est toujours d’actualité. Et en même temps, nous voyons bien qu’il peut y avoir une sorte de découragement possible, devant la victoire apparente des forces du mal, devant les drames de l’histoire, les guerres inexpiables, les catastrophes qui nous touchent, les injustices et les désordres de toute nature.

Où va-t-on, quel est le sens, quel chemin pour l’humanité, on voit bien aussi dans notre pays, les divisions, la violence, le terrorisme, l’incapacité à dialoguer, à se confronter, les anathèmes qui se lancent, les brisures entre les personnes, les groupes humains, la fracturation des groupes sociaux, la violence aveugle ou la dureté de la vie.

Dans le jardin de la Genèse, au départ, on voit Dieu qui cherche l’homme « où es-tu donc ? » la réponse « j’ai pris peur ». Et il y a une autre réponse en écho, cette réponse est dans le récit de l’Annonciation que nous avons entendu, le récit où l’ange vient dire à Marie, qu’elle va enfanter et que cet enfant sera le fils du Très Haut, rien n’est impossible à Dieu, et c’est bien ceci qui nous est dit en ce jour de la Fête de l’Immaculée Conception, Dieu n’abandonne pas son projet pour l’humanité, il n’abandonne pas son peuple à la fatalité du mal et du renoncement, la promesse de Dieu, elle est intacte, elle est pour toujours, elle est toute entière remise entre les mains de Marie, cette jeune fille de Nazareth, promise en mariage à Joseph, mystérieusement protégée du péché dès l’origine pour pouvoir accueillir le don de Dieu et donner une réponse à cet appel du Seigneur, une réponse qui soit libre et positive. Marie accueille le projet de Dieu pour elle, mais elle accueille le projet de Dieu pour l’humanité tout entière.

Chaque fois que nous relisons ce récit de l’annonciation, je suis toujours frappé par la simplicité apparente du dialogue entre l’ange et Marie, « je te salue, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi, sois sans crainte, car tu as trouvé grâce aux yeux de Dieu, tu vas concevoir et enfanter un fils, tu lui donneras le nom de Jésus, il sera appelé Fils du Très Haut, l’Esprit-Saint viendra sur toi et la puissance du Très Haut te prendra sous son ombre ».

Rien n’est impossible à Dieu.

C’est surtout l’ange qui parle, Marie dit finalement peu de choses, une question « comment cela va-t-il se faire » c’est tellement inconcevable, au-delà de l’intelligence humaine, et puis une réponse, une réponse à la demande de l’ange, à ce qu’il est venu faire, accomplir, « voici la servante du Seigneur. Que tout m’advienne selon ta parole », et le récit s’arrête sur cette petite phrase qui peut paraître anodine et qui je pense ne l’est pas « l’ange la quitta ». Et à ce moment-là, Marie se retrouve seule avec cette promesse qui lui est faite, avec cet engagement qu’elle a pris, et le cours de l’histoire de l’humanité en est changé. Que peut penser Marie à cet instant devant une telle promesse, devant un tel dialogue, devant sa réponse, oui, nous devons le dire : rien n’est impossible à Dieu.

Notre Dieu est le Dieu créateur qui a voulu que toute chose soit et qui nous porte, il est le Dieu sauveur qui envoie son fils pour relever l’humanité. Celui qui a tiré du naufrage ceux qui étaient perdus Adam et Eve, qui ne s’est pas résigné à l’infidélité du peuple, à l’échec apparent de son projet.

Marie est celle qui, toute simple, a su dire oui, oui avec tout ce qu’elle était, avec tout ce qu’elle portait, oui, sans doute sans tout comprendre de ce qui se jouait là. Mais sans vouloir régir le cours des événements, ou se prendre pour ce qu’elle n’était pas. Le message de l’ange vient bouleverser une vie paisible et comme toute tracée, un chemin qui s’ouvrait tranquillement et il lui ouvre une autre voie.

D’Eve, on dit qu’elle est la mère des vivants, parce que c’est à travers elle que la vie se met en œuvre. Marie, elle, est la mère du Messie, du sauveur attendu, de la part de Dieu, de celui que des générations ont attendu et espéré.

Alors, il s’agit bien à travers cet évènement de ramener à Dieu tout ce qui a été dévié, faussé, tout ce qui s’est perdu, l’ange demande à Marie d’accueillir en elle celui qui fera aboutir la promesse de Dieu. Ce combat, mené et gagné pour chacun d’entre nous, chaque génération, les hommes et les femmes de tous temps, de toute culture, de toutes langues et nations. La réalité, c’est que le salut est accompli par le Christ, dans le Christ, et que ce qui nous est demandé, c’est de l’accueillir, de le reconnaître, de lui laisser place.

Non vraiment, rien n’est impossible à Dieu, et personne n’est trop loin de Dieu.

Aussi soyons dans la joie, la joie du « oui » de Marie, qui nous ouvre un avenir, qui nous donne une espérance concrète, en qui brille la lumière dans la nuit, les cierges que nous portons en sont le signe.

Que Marie nous donne de grandir dans la confiance, qu’elle nous donne d’accueillir le don de Dieu, de rechercher toujours ce projet de Dieu, pour nous, pour chacun de nous. Qu’est-ce qu’il veut pour moi, qu’est-ce qu’il veut que je fasse de ma vie, mais aussi pour nos proches ou pour l’humanité entière ?

Oui, dans ce moment où l’espérance ne va pas de soi, où tant de gens sont découragés de ce qui survient, où le mal semble triompher de bien des façons, il nous faut nous redire avec Marie, Rien n’est impossible à Dieu.

Amen,

 

 

Photo : Sur la terre comme au ciel 

Partager