Méditer – Contempler : Dieu maintenant…

Parce que l’art et le beau nous élèvent et nous aident à traverser les temps tempétueux, parce que la Beauté de Dieu est partout , nous proposons chaque mois une méditation- prière à partir d’une œuvre d’art , d’un paysage …

Première méditation , proposée ce mois-ci par le Père Paul Houdart, vicaire général du diocèse de Dijon  à partir de l’œuvre de Philippe Quantin (XVII éme) conservée à l’église Saint-Michel de Dijon.

Un tableau s’impose aux regards des visiteurs de l’église Saint Michel, un tableau prégnant, puissant. Le peintre Philippe Quantin (Dijon vers 1600- Dijon 1636) à traduit l’instant de l’Annonciation, il faudrait dire « l’irruption » de l’Annonciation.

Tout est sobre, centré. Nulle distraction avec une perspective en fuite sur un paysage. Nous sommes dans l’intimité d’une maison. Un élément d’architecture suggéré et une chaise paillée aux montants en bois tournés, structurent la scène. Un clair-obscur assagi trahit une influence caravagesque et un hypothétique séjour de l’artiste en Italie.

Maintenant les Cieux s’ouvrent. La lumière divine déchire l’obscurité de la terre dans une effervescence d’angelots, de nuées flavescentes et en camaïeu de gris. Dieu survient. Agenouillée sur un meuble d’oratoire, vigilante dans la nuit, Marie est en prière. Le livre des Écritures est ouvert, son cœur l’est aussi. Israël attend la venue du Messie. Dans son humilité Marie est surprise. Ses yeux sont écarquillés, ses mains sont celles de l’étonnement.  De ses lèvres entrouvertes nous entendons son « fiat ». Ce « oui » à l’ange est-il tout juste accompli que déjà un genou se relève, Marie bondit. Elle est disponible. Foi vivante. Foi en action. Des disciples vont marcher et suivre le Christ.

Le Père porte son regard sur la terre. La blancheur rayonnante de l’Esprit, en cordon de lumière, glisse le long du bras de l’ange. Elle caresse le visage virginal et les pages des Écritures avant de se déposer enfin tout en bas sur une corbeille à même la terre. Le linge blanc est ceinturé d’osier. Ouvrage de couture ? Linge chiffonné, froissé, ce vêtement est-il l’image de notre humanité ? Est-il un vêtement en attente ?  Il resplendit. « Je tressaille de joie dans le Seigneur, mon âme exulte en mon Dieu. Car il m’a vêtue des vêtements du salut, il m’a couverte du manteau de la justice » (Is 61, 10). La promesse se réalise : l’astre d’en haut vient illuminer ceux qui habitent les ténèbres et l’ombre de la mort.  Luc 1,79). Ils revêtent la vraie Lumière. Dieu est maintenant parmi les hommes.

P.Paul Houdart

Photo L’Annonciation– Philippe Quantin, XVIIe s. ( Eglise St Michel de Dijon )

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