Que commémore-t-on lors de la messe de réparation du 10 février ?

Comme chaque année le 10 février, une messe dite « de réparation » a lieu en l’église Saint-Michel de Dijon en présence d’une centaine de fidèles. De quoi s’agit-il exactement ? Un petit retour en arrière s’impose…

En 1430 à Monaco, une dame acheta chez un brocanteur un ostensoir probablement volé, car il contenait encore la grande Hostie pour l’adoration. La personne, qui ignorait la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie, décida d’enlever avec un couteau la Particule de l’ostensoir. Subitement l’Hostie commença à suinter du sang frais qui sécha aussitôt en imprimant une image du Seigneur assis sur l’arc en ciel, les bras étendus avec des deux côtés des instruments représentant la Passion du Christ. La femme bouleversée alla chez le Chanoine Anelon qui garda l’Hostie.

Des pèlerins illustres

L’épisode fut bien vite connu aussi par le Pape Eugène IV qui voulut donner l’Hostie Miraculeuse au duc Philippe de Bourgogne (Philippe le Bon) qui à son tour la donna, pour honorer sa capitale, à la ville de Dijon. Cette précieuse relique fut placée dans la chapelle du palais qui avait été fondée en 1172 à la suite d’un vœu fait par Hugues III s’il échappait au naufrage au coeur d’une tempête, alors qu’il naviguait vers la Terre Sainte. Ainsi la chapelle de « Monseigneur le Duc » devint « Sainte Chapelle » en accueillant ce trésor. Une grande dévotion populaire se développe, processions grandioses ; la ville était comble dès la veille. Viennent en pèlerins Louis XIII, Christine de Suède, … A la Sainte Hostie sont attribués d’innombrables bienfaits, guérisons, conversions, délivrances…

La sainte Hostie s’exposait le vendredi saint, les vendredis des Quatre-Temps de l’année, et tous les jours de l’octave du Saint-Sacrement. On récitait en cette circonstance une amende honorable dont on trouve le texte dans les livrets à l’usage de la confrérie. Une fête spéciale a été instituée en son honneur ; elle était fixée au dimanche dans l’octave du Saint-Sacrement. C’est ce jour-là qu’avait lieu la grande procession où elle était portée, procession qui se déployait avec une pompe dont on ne peut se faire une idée, qu’en se rappelant l’état de Dijon à cette époque, le nombre considérable de corps ecclésiastiques et religieux, comme aussi de compagnies civiles, et dont la présence donnait un éclat tout particulier à cette cérémonie.

Révolution: La relique est brûlée devant l’église Saint-Michel

La révolution arrive et ferme les églises non paroissiales. Ainsi la Sainte Chapelle fut fermée. Le 18 janvier 1791, la sainte Hostie en fut retirée, au milieu des gémissements des fidèles, qui voyaient déjà s’accomplir les menaces des ennemis de la foi. Elle trouva momentanément un asile dans l’église Saint Michel, déposée dans le tabernacle de l’autel de la Sainte-Vierge. La piété des Dijonnais la suivit dans ce sanctuaire. Mais le 9 février 1794, la commune de Dijon réquisitionna l’église pour en faire le temple de « La Raison ». Alors le 22 Pluviose de l’An 2 (10 février 1794), cinq agents du Conseil Communal, en présence de Montéléon, curé jureur, procèdent au « brûlement » de la Sainte Hostie devant l’église Saint Michel. A quel endroit eut lieu cette profanation ? Aucun document ne permet de le situer précisément. Une étoile inscrite dans les pavés devant l’église rappelle ce sacrilège.

Après la réouverture de l’église Saint Michel, M. Leprince, ancien chanoine de la Sainte Chapelle, fonda « à perpétuité » une messe de réparation le 10 février à 10h pro reparatione injuriarum SS. Sacramento. Cette messe fut dite la première fois le 10 février 1826.

Par la suite, le culte expiatoire s’étala sur trois journées. Ce fut l’Adoration Perpétuelle que vécut avec grande piété Elisabeth de la Trinité (Journal, 6 février 1899). En 1894, pour le centenaire de la profanation, une grande cérémonie eut lieu à Saint Michel ; la « Semaine Diocésaine », organe d’information du diocèse, rapporte la magnificence et se fait l’écho de la ferveur des Dijonnais.

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