« Le travail doit permettre d’exprimer une intériorité »

La première conférence du cycle « J’ai la foi, quelles conséquences dans la vie ? » a été donnée le 19 novembre dernier par Monseigneur Roland Minnerath à la paroisse de Dijon Saint-Bernard sur le thème « Le sens chrétien du travail : peine ou service ? » (photos César Vargas)

Devant plus de 100 participants, notre archevêque a rappelé que le christianisme a donné au monde une « vision englobante » du travail, qui s’éloigne de plus en plus de celui de la société qui considère le travail avec une visée purement économique.

Il a indiqué : « Dans un monde qui connaît de grands bouleversements avec la mondialisation, la robotisation, la digitalisation… le travail doit permettre d’exprimer une intériorité. Grâce au message biblique, nous avons une vision englobante qui donne au travail sa vraie signification. »

Le travail humain consiste à collaborer au travail du Créateur

Mgr Minnerath a poursuivi : « Dieu agit comme quelqu’un qui travaille : il crée le monde, puis son peuple. L’homme est ainsi associé à Dieu avant la chute, il est chargé de garder et de cultiver le jardin d’Eden. Le travail n’est donc pas la conséquence du péché originel, c’est la vocation de l’homme. L’homme est un « intendant » de Dieu, qui est le maître du monde.

« Se libérer du côté aliénant du travail »

Mais la désobéissance à Dieu a provoqué une rupture entre l’homme et le Créateur. Le travail devient une peine, une dure nécessité. Malgré sa peine, l’homme reste coopérant de la Création, mais cela nécessite de l’effort de la part de l’homme.

Dans ce cadre, le sabbat est une compensation à la peine engendrée par le travail : Dieu ne commande pas de travailler mais de cesser le travail le 7e jour pour redevenir un homme qui loue Dieu pour sa Création et se libérer du côté aliénant du travail. »

Jésus et le travail

« Jésus a été un travailleur, un artisan : il travaillait de ses mains. Jésus parle souvent du travail. Le travail est une chose naturelle mais qui ne doit pas détourner du règne de Dieu.

Jésus est dur pour ceux qui considèrent le travail comme une fin en soi. Il utilise le travail pour accéder à une autre réalité plus profonde : l’œuvre messianique du Christ est considérée comme un travail, une œuvre et Dieu rétribuera ceux qui travaillent à son œuvre. », a ajouté notre archevêque.

Trouver un travail au regard de ses talents

Ce dernier a précisé : « Le travail du Christ vise le salut des hommes et s’associe ainsi à l’œuvre du Créateur. Par sa vocation, chaque personne doit trouver son travail au regard des talents que Dieu lui a donnés. Le travail est consubstantiel à la personne, mais personne ne doit être réduit à son travail.

D’où la notion de travail comme service. L’autorité ne doit pas servir à dominer l’autre mais à se mettre à son service. Le jugement dernier portera sur la façon avec laquelle je me suis mis au service des autres ou non. »

Le travail dans les épîtres 

Mgr Minnerath a conclu : « Saint Paul recommande aux Corinthiens de vivre dans le calme et de travailler de leurs mains. Le travail doit permettre d’être autonome et d’aider ceux qui sont indigents.

« Si vous ne travaillez pas, ne mangez pas non plus » : Le travail est la seule occupation décente qui permet de ne pas abuser de la générosité des autres.

L’éthique chrétienne est donc marquée par les éléments suivants :

  • Le travail est une œuvre de co-création mais qui, après la chute, cause de la peine. Le « sabbat » est là pour le repos et se ressourcer en louant le Créateur. Le travail a besoin de rédemption et c’est le Christ, par son travail, qui rétablit l’alliance de l’homme avec Dieu.
  • Le travail rend autonome pour ne pas être une charge envers la communauté et pouvoir faire œuvre de solidarité envers ceux qui sont dans l’impossibilité de travailler. Le travail doit cultiver la terre et non l’exploiter en vertu de la destination universelle des biens de la Création.
  • La Bible condamne le travail qui abrutit l’homme : le travail doit être libre. La Bible condamne également le travail qui se fait contre Dieu.
  • Le travail a une dimension « humanisante ». La technologie doit être au service de l’homme qui travaille et non le contraire. Il faut se garder dans le travail de la tentation de se prendre pour Dieu, cela peut se traduire par la surexploitation des richesses naturelles, les manipulations de l’embryon… Le travail doit être un service qui nous fait grandir et non quelque chose qui produit des armes de destruction mutuelle. »

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