Soirée œcuménique à l’église Saint-Joseph de Dijon avec l’ACAT

Le vendredi 19 janvier, à l’église Saint-Joseph de Dijon, 70 personnes se sont rassemblées en fin de journée à l’invitation du comité dijonnais de l’association ACAT (Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture), l’ONG chrétienne contre la torture et la peine de mort, pour une prière chrétienne avec leurs membres et sympathisants, catholiques et protestants. Cette prière commune au moment de la semaine de prière pour l’unité chrétienne est une initiative que l’ACAT propose depuis de nombreuses années dans les paroisses dijonnaises, comme en témoigne Yvonne Boyer, l’une des doyennes dijonnaises de l’ACAT et du Groupe œcuménique.

Dans son mot d’accueil, Claude Lecinq a rappelé l’intuition des fondateurs de l’association créée en 1974 : « Il faut que les chrétiens réagissent à la torture, quel que soit le lieu où ils se trouvent, et il faut qu’ils réagissent ensemble ». Il a insisté sur l’actualité de cet impératif, citant les pays dont les populations sont les plus touchées par les tortures et exactions dont en premier lieu la Syrie et le Congo. Il a évoqué ces enquêtes récentes inquiétantes où se révèle l’acceptation grandissante de l’opinion publique pour la pratique de la torture, conséquence troublante du terrorisme et de la lutte qu’il impose.
Seule la prière nous permet de ne pas nous laisser ébranler par le faible nombre des militants, et notre foi nous pousse à continuer la lutte et à prendre position comme chrétien, car le Christ est celui qui énonce: « j’étais en prison et vous m’avez visité ; j’étais étranger et vous m’avez accueilli ». Ainsi résonne comme un encouragement le témoignage concret de la paroisse Saint-Joseph qui organise, avec les autres paroisses de la ville, des repas quotidiens pour les migrants.

Cette introduction nous a fait entrer dans la célébration préparée sur le thème de la semaine de l’Unité : « Le Seigneur est ma force et ma louange, il est mon libérateur », tiré du livre de l’Exode. Ce thème très fort a été choisi par la Conférence des Eglises de Caraïbes qui mène depuis 1973 une action commune dynamique sur le plan théologique comme sur le plan social dans toutes les îles de l’Amérique centrale.

La cérémonie a commencé par une demande de pardon collective. Chacun avait les mains serrées par un ruban, symbole de nos enfermements. Après la lecture à deux voix par un couple interconfessionnel du cantique de Moïse et Myriam, nous avons pu méditer en écoutant Louis Armstrong chanter le negro spiritual « let my people go ».
Dans son commentaire, le père Dominique Nicolas a donné quelques exemples de résistance par la culture et la prière à l’esprit d’oppression. Il a cité Louis Samson, qui fut chef de chœur à la Maîtrise de la cathédrale de Dijon, et qui écrivit un livre au titre évocateur : « On n’arrête pas l’homme qui chante ». Ainsi de ce film sur la période de la seconde guerre mondiale dans lequel un acteur polonais à qui l’occupant nazi intimait de jouer Hamlet en allemand, résista – en prétextant son ignorance – en la jouant dans sa langue polonaise, à l’exception de la dernière réplique qu’il prononça en allemand, témoignant de sa lutte pour la liberté.

Nous aussi, au quotidien, nous pouvons travailler à la liberté en nous réjouissant de la différence d’autrui et en l’aidant à devenir ce qu’il est. Après la confession du Crédo, chacun a été invité à un geste au pied de la croix, couverte de petites bougies dans les cellules de bois qui la constituaient (comment ne pas penser aux personnes en situation de réclusion et d’enfermement à travers le monde) : nous avons déposé en même temps le ruban, après avoir dénoué son nœud, et une offrande, destinée à aider financièrement les repas pour les migrants.

Avant de nous séparer, nous avons récité tous ensemble, autour de la croix éclairée par ses lumignions, un Notre Père élargi à l’échelle du monde et de ses lieux les plus obscurs où les hommes attendent une libération. Après avoir chanté et loué dans l’Espérance de notre Foi, nous sommes repartis chacun à nos occupations mais en nous cette prière poursuivait sa course : au nom de Dieu, au nom de nos frères humains, maîtres du monde, nouveaux pharaons « let my people go. »

Louis Lefevre et Maguy Minonzio, pour le groupe œcuménique de Dijon.

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