Les chants de la Maîtrise illuminent la Vigile pascale

En cette Vigile pascale où nous fêtons la résurrection du Christ, veuillez trouver sur ce lien les chants de la Maîtrise de Dijon enregistrés l’an dernier en la cathédrale de Dijon. Dans le même temps, le père Didier Gonneaud, curé de la cathédrale, propose une réflexion sur cette Vigile pascale :

« La célébration s’ouvre avec un rite très particulier, et même singulier, impossible à classer dans les rubriques liturgiques : L’Exultet.

Ce rite réunit les éléments qui caractérisent d’une part la proclamation de l’Évangile et, d’autre part, la Préface eucharistique.

L’Exultet commence par une sorte de monition, chantée ici par la voix ample et profonde d’Etienne Meyer, chef de chœur de la Maîtrise de la cathédrale.

Dès cette introduction,  la création partage la joie pascale : qu’exultent la multitude des anges, l’humanité toute entière, le peuple des croyants, l’assemblée ici réunie.

Après cette introduction suivie du dialogue de la Préface eucharistique (« Le Seigneur soit avec vous, élevons notre cœur, rendons grâce au Seigneur notre Dieu »), le chant devient solennel pour se centrer sur la Nuit pascale.
Relayant Etienne Meyer, le curé de Saint-Bénigne annonce la puissance sanctifiante de cette Nuit, qui est en fait le sujet véritable de l’action liturgique.

Plusieurs fois, le chant s’adresse directement à la Nuit pour la proclamer bienheureuse. Les symboles rituels semblent alors comme s’effacer devant la sainteté intérieure de cette Nuit : même le cierge pascal est absorbé par ce sujet liturgique unique. Car ce n’est pas seulement en tant qu’il est porteur de lumière que le cierge pascal devient symbole du Christ ressuscité, c’est en tant qu’il se met à briller dans les ténèbres de cette nuit très sainte.

Cette année, nous sommes privés de l’éclat du cierge pascal, mais il nous reste l’essentiel : il nous reste la force sanctifiante de cette nuit pas comme les autres. Nuit du premier jour, jusqu’à la dernière nuit de l’univers, en passant par la nuit de l’Exode et, surtout, par la nuit bienheureuse qui, seule, mérita de connaître le temps et l’heure de la Résurrection du Christ.

Paradoxe d’une nuit lumineuse

Qu’en cette période si étrange et douloureuse de confinement social et liturgique, il nous soit donné d’être soutenus par le rayonnement invisible de cette nuit unique.  Rien ni personne ne peut empêcher cette nuit sainte de déployer sa puissance de grâce, et les difficultés du confinement peuvent nous conduire à l’essentiel absolu. L’absence des rites publics nous fait entrer paradoxalement dans la puissance intacte de cette nuit donnée à tous.

Laissons-nous envelopper par la puissance de cette nuit, qui brille de la clarté même de son obscurité. Ce paradoxe d’une nuit lumineuse est le paradoxe même de notre foi pascale : nous croyons que les ténèbres abritent la victoire du Christ ressuscité.

Au cœur de cette nuit bienheureuse, jaillissent les flots de l’eau baptismale. L’eau et la nuit deviennent ainsi les deux symboles efficaces de la Résurrection, et ouvrent directement la célébration de l’Eucharistie. Après la bénédiction de l’eau, il revient à l’Archevêque d’entonner dans sa cathédrale une sorte de deuxième Exultet : « Vidi aquam », « j’ai vu l’eau vive ».

A travers la succession épiscopale, le témoignage apostolique atteste ici la réalisation de la prophétie d’Ezéchiel : « J’ai vu l’eau jaillir du temple, du côté droit, alléluia ». L’alléluia pascal, joyeusement entonné avant l’Evangile dans une robuste version de Jean-Louis Gand se prolonge ici dans la tranquille certitude du chant grégorien :  «Tous ceux que cette eau a atteints ont été sauvés, et ils chantent : alléluia, alléluia. ».

Nous pouvons nous unir aux catéchumènes qui auraient dû recevoir le baptême en cette vigile. Ils ne savent pas, et nous ne savons pas non plus, quand le rite du baptême pourra leur donner visiblement la grâce pascale. Mais nous savons déjà, et ils savent déjà avec nous, que l’eau jaillie dans le secret de la nuit pascale est un fleuve immense qui les emporte dès maintenant vers le Christ ressuscité. Dès maintenant il leur revient de chanter « Alléluia, alléluia ».

Retrouvez le texte intégral du père Gonneaud sur ce lien

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