Catholiques tués au Burkina Faso : un prêtre burkinabé témoigne

Ce dimanche, au cours de la messe, un prêtre catholique, Syméon Yampa, ainsi que cinq fidèles ont été tués par un groupe d’individus armés à Dablo, au Burkina Faso. Ce drame est survenu deux jours après la libération, dans le nord du Burkina Faso, de quatre otages par les forces spéciales françaises.

Le père Pascal Ouedraogo

Le père Pascal Ouedraogo, prêtre étudiant, présent dans le diocèse de Dijon depuis plus d’un an et actuellement résident à la paroisse Saint-Jean XXIII, est burkinabé.

Au lendemain du drame, il a accepté de s’exprimer sur ces événements. Il indique : « Le père Syméon était un ami personnel. On a fait le petit séminaire et le séminaire ensemble. Il a visité mes parents malades et est venu me voir en Côte-d’Ivoire, où j’étais en mission, en 2017. Il venait d’avoir 34 ans, et allait fêter ses cinq années de sacerdoce. Il a été enterré ce matin. Il s’agit de la deuxième attaque de l’année contre des Chrétiens au Burkina (fin mars, six personnes ont été tuées lors de l’attaque de l’église protestante dans le nord du pays, Ndlr). »

Le père Syméon Yampa, tué dimanche

« Ils veulent déstabiliser le pays »

Évidemment ému, le prêtre précise : « Dans mon pays, il y a une très bonne entente entre les différentes religions. Il n’est pas rare qu’au sein d’une même famille, il y ait des catholiques, des protestants et des musulmans. C’est cela que les terroristes attaquent : cette paix doit les déranger. Régulièrement, des lycées ou des postes de police sont attaqués. Ces groupes veulent semer la terreur pour déstabiliser le pays. »

Le père Ouedraogo ajoute : « Quand je pense à ces personnes qui sont mortes dans l’église ce dimanche, je fais le lien avec les premiers chrétiens, les martyrs, qui risquaient leur vie en affichant leur foi. Pendant l’ordination diaconale, on s’engage pour la mission au risque de sa vie. Cela prend tout son sens quand on est prêtre dans un pays où notre vie est exposée. »

« Notre première arme, c’est la prière »

C’est le cas au Burkina Faso où un prêtre missionnaire d’origine espagnole, le père César Fernandez, a été tué le 15 février lors d’une attaque attribuée à des djihadistes à Nohao, dans le centre-est du pays. A la mi-mars, le père Joël Yougbaré, curé de Djibo, dans le nord du pays, a été enlevé par des individus armés.

« On n’a aucune nouvelle de lui depuis », souligne le père Ouedraogo qui poursuit : « Face à cette haine, notre première arme, c’est la prière. Je me dis que la mort de Syméon n’a pas de sens si elle ne représente pas cette graine qui va germer et porter du fruit. Il est mort pendant la journée mondiale des vocations. J’y vois un symbole très fort, parce qu’il était très investi dans la pastorale des vocations justement. »

Le prêtre conclut : « Même si nous traversons des temps difficiles, il faut refuser de céder à la peur, et rester ferme dans notre engagement de chrétien. »

La communauté Burkinabè de Bourgogne, en collaboration avec les prêtres burkinabè de la région, les pères Pascal OUEDRAOGO et Albert ZOUNGRANA, organisent une messe pour la paix au Burkina-Faso. « Notre pays qui a connu à maintes reprises des attaques terroristes traverse des moments difficiles. Dans une telle situation, la prière et l’action s’avèrent nécessaires pour manifester notre appartenance et notre élan de solidarité à l’égard de toutes les victimes et les personnes endeuillées lors de ces attaques et surtout pour prier afin que le Ressuscité fasse advenir la paix durable pour le Burkina-Faso. Nous souhaitons par cette célébration renforcer nos liens de communion avec le pays et renouveler notre attachement aux valeurs de cohésion sociale et de paix », précise le père Ouedraogo.
Cette célébration aura lieu le samedi 18 mai 2019 à 18h en l’église de Saint-Apollinaire. Un apéritif sera offert aussi après la messe pour permettre un temps de partage et de convivialité.

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