Xavier Breton : « La politique familiale est remise en cause pour des raisons d’économie »

Dans le cadre des conférences organisées par la paroisse Saint-Bernard de Dijon (sur le thème « J’ai la foi, quelles conséquences dans ma vie ? »), Xavier Breton, député de l’Ain, a tenu ce lundi une conférence sur le thème suivant : Politique familiale et bioéthique : quels enjeux dans le bouleversement politique actuel ?

Le député, membre de l’entente parlementaire pour la famille, a indiqué en préambule : « Les sujets de bioéthique ne sont pas des sujets prioritaires dans la société. Il n’y a pas eu de débat sur ces questions dans l’élection présidentielle, en tout cas pas au cœur de la campagne. »

Le parlementaire a livré une « clé de lecture », en l’occurrence regarder les mesures qui ont un impact budgétaire pour l’Etat, et celles qui n’ont pas d’impact et qui peuvent être liées à la bioéthique.

« Faire des économies sur le dos des familles »

Dans le premier cas, il s’agit de mesures qui touchent à la politique familiale, et qui sont inspirées par deux arguments : l’économie et l’égalité. Le député a pris comme exemple le congé parental d’éducation. Il a expliqué : « Comme les hommes ne prennent pas, ou très peu, ce congé, on diminue les crédits accordés. Il y a également la réforme de la prestation d’accueil du jeune enfant (Paje, Ndlr). Les critères sont alignés sur le complément familial, ce qui entraîne une baisse pour la majorité des familles, car la priorité est donnée aux familles monoparentales. En réalité, il s’agit de faire des économies. Même chose pour les allocations familiales. Auparavant il y avait un principe d’universalité, aujourd’hui on parle de principe d’égalité, mais c’est encore pour faire des économies sur le dos des familles. Depuis quelques années, il y a une remise en cause de la politique familiale pour la transformer en politique sociale. On sait bien que ce sont deux branches différentes. À la fin, ce sont les classes moyennes qui y perdent. »

Le député a également évoqué une « marche arrière du gouvernement » quant à la « mission d’information sur la politique familiale ». Il a souligné : « C’est un rapport très important, une des grandes échéances à venir. »

Pour ce qui est du prélèvement à la source, qui prendra effet dans quelques mois, le risque, pour le parlementaire, est qu’on aille vers « la fin de la familialisation de l’impôt ». Cette « logique de l’individu » entraînerait, de fait, la fin du quotient familial.

Xavier Breton a ajouté : « Il y a des choix politiques récents qui paraissent lointains mais qui vont pénaliser les familles, comme l’augmentation du gasoil, ou l’évolution de la politique du logement. La politique familiale est remise en cause pour des raisons d’économie. C’est concomitant avec la baisse du taux de natalité. Ce ne sont pas forcément des mesures idéologiques mais elles touchent les familles au porte-monnaie. »

Transformer une loi même s’il n’y en a pas besoin

Le député a ensuite abordé les mesures qui n’ont pas d’impact budgétaire pour l’Etat, mais qui sont de l’ordre du vécu et du symbole. Le parlementaire a expliqué : « Lors de la mandature précédente, il y a eu des mesures ponctuelles. De nombreux textes, mais pas de texte général. Il y a eu l’autorisation recherche sur embryon. Ou encore le divorce sans juge. Plus récemment, sous la nouvelle législature, il y a eu une proposition sur la garde alternée. Actuellement, on parle de révision de la loi de bioéthique. Cette loi de bioéthique est une exception française à sauvegarder. Le mécanisme de révision peut inciter à transformer même   s’il n’y en a pas besoin. »

Xavier Breton est également revenu sur la recherche sur embryon et l’assistance à la procréation. Il a précisé qu’il y aurait une révision bientôt et que la consultation allait se faire « au pas de charge », pour un vote prévu en 2019. Il a souligné : « Cette assistance à la procréation est renforcée pas seulement pour des raisons médicales mais pour des raisons de convenance sociale. C’est la porte ouverte à l’eugénisme, et la derrière revendication des défenseurs de la GPA… De grandes entreprises américaines financent actuellement les recherches sur la conservation des ovocytes, pour avoir des salariés pleinement consacrés à leur travail ! »

« Donner satisfaction à une minorité en perturbant une grande majorité »

 

Le député a poursuivi : « On a vécu pendant des années sous le régime du consensus en matière de bioéthique, marqué par des grandes figures sensées tout connaître. Aujourd’hui le gouvernement utilise des arguments qui permettent de convaincre l’opinion : Il y a notamment l’argument de la modernité. On nous cite aussi l’exemple des autres pays, alors que nous n’avons pas la même philosophie que les autres pays. On nous parle également d‘égalité. En oubliant de préciser que deux situations différentes n’ont pas à être égales !

Il y a un autre argument, celui du droit à l’enfant, brandi lors du mariage pour tous, qui ouvre la porte à la PMA mais aussi à la GPA. Les gouvernements veulent donner satisfaction à une minorité en perturbant une grande majorité.

Il faut bien avoir conscience que les textes sont préparés longuement en avance mais ils arrivent au parlement dans la précipitation, volontairement. Il n’y a pas d’étude d’impact ni de préparation devant le conseil d’Etat. La conception de la haute administration est amorale, c’est à dire qu’elle ne prend pas en compte des critères de morale, mais d’efficacité ou d’économie. Le capitalisme, par définition, est amoral. La recherche du profit passe avant tout. Et ainsi, il y a un intérêt économique à la séparation des familles. »

Le député a conclu : « Il y a actuellement une remise en cause des déterministes comme celui de la famille. Il faudrait au contraire promouvoir une vision de la famille comme un lieu d’épanouissement et de protection. »

D’après les notes d’un auditeur de la conférence

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